Quelle
antenne pour la coupe du REF ?
Patrick Destrem – F6IRF
Introduction
Quelle antenne et à quelle
est la hauteur dois-je la mettre, pour avoir le signal optimum pendant une
coupe du REF ? Depuis bientôt 25 ans que je pratique ce concours, j’ai
entendu de nombreuses théories circuler sur le sujet. A titre de curiosité j’ai
voulu voir ce qu’il en était « scientifiquement » en utilisant le
modèle de propagation VOACAP (développé par l’US
Navy Research Laboratory et l’Institute of Telecommunications Sciences), modèle unanimement reconnu
comme le plus fiable disponible aujourd’hui.
Première partie: une
approche rapide
Pour des questions de
commodité, j’ai d’abord utilisé l’interface graphique HAMCAP de VE3NEA, qui
couplée avec DX ATLAS, du même auteur, permets des relevés directs sur une
carte.
Je me suis cantonné aux
bandes 40 et 80m, a une verticale et des dipôles a diverses hauteurs, les QSO sur les bandes plus hautes étant
généralement du ressort de modes de propagation particuliers (Onde de sol, Back-scatter, E’s, etc…) qui ne
sont pas pris en charge par VOACAP.
Paramétrage de VOACAP
(pour les spécialistes)
Le paramétrage utilisé par
HAMCAP, pour les cartes est le suivant:
Antennes
Dans cette première partie j’ai
utilisé les modèles standards « hamcap » (ces modèles sont représentatifs d’antennes
amateurs situées en terrain moyen). Je reviendrai, dans la seconde partie sur
d’autres antennes populaires.
(les valeurs pour le 80m sont indiquées dans le tableau
correspondant)
Note :
le gain du dipôle le plus bas semble quelque peu optimiste (env. 1.5dB), mais
nous y reviendrons dans la seconde partie.
Cas du 40m à mi journée pour des liaisons Franco-Francaises
L’antenne de réception est
toujours l’antenne 1, l’antenne d’émission étant la seule variable
Je me suis d’abord livré à
un relevé sur quelques villes, toutes situées dans la même direction. Ces
valeurs, correspondent à la bande 40m , en Janvier, à mi-journée, pour un
indice solaire minimum (SSN=0), tel celui que nous avons au moment ou j écris
ces lignes (décembre 2007)
Les valeurs des
tableaux sont à interpréter de la façon
suivante :
Colonne 1: distance en
kilomètres
Colonne 3: Angle de radiation
vertical (en degrés) requis à ce moment de la journée
Colonnes 4 a 7 :
Rapport signal sur bruit, donné pour une bande passante de 1Hz : pour la
SSB on doit retrancher 34dB (BP 2400Hz), et environ 24dB pour la CW (BP250Hz),
afin d’obtenir le rapport signal/bruit effectif, qui évidemment ne tient compte
que du « man-made noise » et pas du QRM des
autres participants… On doit bien sur
ensuite ajouter les gains de l’antenne de réception par rapport à la GP, le
gain de l’antenne d’émission (par ex 4dBd pour une 2elts, 6dBd pour une 3),
ainsi que le gain de l’ampli si il y a lieu…Evidemment suivant la direction du
QRM, de l’étalonnage et la linéarité du S-Mètre
et de multiples autre facteurs impondérables,
il est a peu près impossible de déduire le niveau S-Mètre
absolu du signal écouté, ce dont on se moque car qui nous intéresse ici c’est le
signal relatif comparé des différentes antennes d’émission.
Bande 7Mhz SSN=0 1100Z fm JN35AU |
|
|||||
dist |
Ville |
el |
GP1/4 |
Dip17m |
dip23m |
|
Kms |
G_dBi/El_deg |
|
-0.4/26 |
6.6/57 |
6.7/31 |
7.2/24 |
110 |
Macon |
72 |
Ft>muf |
Ft>muf |
Ft>muf |
Ft>muf |
222 |
Moulins |
56 |
47 |
60 |
57 |
55 |
310 |
Bourges |
50 |
52 |
63 |
61 |
59 |
441 |
Tours |
44 |
56 |
65 |
65 |
63 |
532 |
Angers |
35 |
58 |
65 |
66 |
64 |
636 |
Rennes |
32 |
56 |
62 |
63 |
62 |
698 |
Vannes |
30 |
54 |
59 |
60 |
60 |
844 |
Brest |
27 |
49 |
56 |
58 |
59 |
On se concentre bien sûr sur
des liaisons franco-françaises. Comme on pouvait le supposer la GP est de loin
la plus inintéressante dans ce contexte : Quelque soit la distance, elle
rend entre 7 et 13dB (de 2 a 4 points S sur un S-mètre
courant(*) à n’importe lequel des dipôles. Il faut
toutefois pondérer ce résultat, par le fait que le dipôle est supposé orienté
au mieux vers le récepteur (si on a pas de dipôle rotatif il faut relativiser…
on peut perdre jusqu’à 10dB sur les
pointes même avec un dipôle en V-inversé, et plus si
il est horizontal…).
(*) par
ex mon IC756pro2 calibré a s9 sur une source de bruit blanc donne s5 pour le
même signal atténué de 12dB. On est loin des 6dB par point S !
Comme on pouvait s’y
attendre, le dipôle a 11m (1/4wl AGL)
donne le meilleur sur les distances les plus courtes… quant au dipôle le plus
haut, si il ne s’agit de contacter des stations F, on peut dire qu’il n’a guère
d’intérêt… Bref, dans ce cas particulier, la hauteur ne paie guère, et on peut
dire qu’un dipôle entre 12 et 17m est quasi optimum. A 23m on peut considérer qu’il est trop haut, sauf si l’on
jouit d’une position vraiment excentrée (par ex. TK)
Un autre argument plaide en
faveur du dipôle le plus bas, c’est la moindre directivité, comme. le montrent les plots ci-dessous. Avec un dipôle en V-inversé à 11m et si l’on considère un angle vertical de
60 degrés on ne perd que 2dB sur les pointes, La directivité peut atteindre
10dB pour le dipôle à 23m si l’on considère un angle d’élévation d’une
trentaine de degrés.
Figure 1 Dipôle en V-inversé,
sommet à 11m. Le diagramme horizontal est donné pour 60 degrés d'élévation.
Figure 2 Dipôle en V-inversé,
sommet à 23m. Le diagramme horizontal est donné pour 30degrés d'élévation.
Cas du 80m au milieu de
la nuit pour des liaisons Franco-Francaises
Bande 3.5Mhz SSN=0 2300Z fm JN35AU |
|
|||||
dist |
Ville |
el |
GP1/4 |
Dip17m |
dip23m |
|
Kms |
G_dBi/El_deg |
|
0.1/24 |
5.5/85 |
6.9/71 |
6.9/43 |
110 |
Macon |
75 |
35 |
52 |
54 |
54 |
222 |
Moulins |
63 |
44 |
55 |
58 |
58 |
310 |
Bourges |
58 |
48 |
58 |
60 |
61 |
441 |
Tours |
53 |
52 |
60 |
62 |
63 |
532 |
Angers |
44 |
57 |
62 |
64 |
65 |
636 |
Rennes |
41 |
58 |
62 |
64 |
65 |
698 |
Vannes |
37 |
58 |
61 |
64 |
65 |
844 |
Brest |
30 |
59 |
60 |
63 |
65 |
Sur les mêmes bases que le
tableau précédent voici les résultat pour la bande 80m. Si l’on peut disposer
d’un dipôle à 23m on peut dire que c’est pas mal, mais qu’on ne perd pas
grand-chose si on ne dispose que d’un support de 17m. A 11m, on peut dire qu’il
est trop bas, mais même avec un dipôle aussi bas (1/8wl) on ne perds jamais que
5dB sur les stations hexagonales les plus lointaines, ce qui n’est somme toute
pas dramatique !. Dans ce cas la directivité n’est pas un problème,
puisque même le dipôle à 23m peut être considéré comme « quasi
omnidirectionnel » (à 2dB près)
Figure 3 Dipôle 80à 23m. On voit que pour un angle vertical
de 60 degrés, la directivité n'est un gros problème.
Figure 4 le même dipôle à 11m. Par rapport au dipôle ci
dessus on ne perd que 2dB pour un angle d'élévation de 60 degrés. Evidemment la
différence augmente aux angles les plus faibles (environ 5dB à 30degrés).
Résumé du premier épisode
Voila quelques graphes qui
résument ce qui a été exposé ci-dessus, sur 40m j’ai ajouté une simulation pour
des conditions de propagation plus favorables que celles du moment (à noter que
les signaux sont globalement moins fort, je suppose en raison d’une absorption
plus importante dans les couches basses). Sur 80m, au milieu de la nuit, le
niveau d’activité solaire n’a guère d’impact. A noter que le trajet E/W est
celui qui offre la zone d’ombre la plus faible ; sur des trajets N/S la
zone d’ombre sur 40m peut atteindre les 300kms (pour SSN=0), même à mi-journée.
Figure 5 "Signal to Noise Ratio" dans 1 Hz de bande
passante, sur 40m en période de faible activité solaire. Le rapport signal sur
bruit ne considère que le « man-made noise » (-145dBm/Hz à 3 Mhz) et pas les interférences
générées par les autres concurrents. Déduire 34dB pour la SSB (bande passante
2400Hz) et 24 dB pour la CW (bande passante 250Hz).
Figure 6 La même chose en période de forte activité solaire.
Figure 7 La même chose sur 80m.
A suivre…