L’antenne de réception “cizirf-spéciale

Une antenne de réception 40/80m pour les liaisons à courte et moyenne distance.

Patrick Destrem F6IRF

 

 

Introduction

J’ai présenté récemment dans un article consacré à des antennes dédiées aux liaisons courte distance sur 40 et 80m, un concept d’antenne de réception utilisant 2 dipôles amortis placés à faible hauteur et dont on fait varier la relation de phase (*). Cette antenne, n’est pas une antenne DX, mais une antenne dont la vocation est de faciliter les liaisons « domestiques », qui par ces temps d’indice solaire minimum, sont souvent plus difficiles à réaliser que les liaisons à moyenne et longue distance, en particulier sur la bande 40m. Cette antenne s’adresse aussi à ceux qui sont gênés par une ou des sources de bruit locales, tel qu’éclairage urbain, enseigne lumineuse, transformateur ou ligne électrique distante, ces signaux perturbateurs arrivant bas sur l’horizon. Voici quelques éléments supplémentaires concernant cette antenne.

 

(*) http://mangafight.free.fr/Antenne%20CDR%20part4.htm

 

NB : Si vous n’avez jamais utilisé d’antenne de réception séparée de l’antenne d’émission, notez qu’une précaution de base consiste à court-circuiter l’entrée du récepteur (par exemple au moyen d’un relais coaxial) lors du passage en émission. En effet la RF « captée » par l’antenne de réception peut atteindre des niveaux de puissance dommageables pour le dit récepteur.

Même dans le cas d’un transceiver disposant d’une entrée  « RX-ANT »,  il est préférable de s’assurer sur le schéma que la dite entrée  est déconnectée, ou court-circuitée avant d’atteindre les premiers composants de la chaîne de réception (ce n’est pas toujours le cas…).   

 

Le dipôle amorti

Figure 1 Le dipôle amorti. Comme on peut le lire dans le texte, il est préférable que le dipôle soit non résonant.

Pourquoi utiliser un dipôle amorti de 2 fois 15m?  La première raison est de maintenir un SWR acceptable dans la ligne. Typiquement avec ce dipôle, le SWR ne devrait guère dépasser 1.5 tant sur 40 que 80, quelque soit la hauteur (3 à 10m) et la configuration (V-inversé, extrémités repliées).

W8JI, dans son article http://w8ji.com/small_vertical_arrays.htm a expliqué les raisons qui conduisent à préférer des antennes avec un Q très faible pour ce genre de systèmes de réception, je vous laisse vous reporter à son article.

 

 

Figure 2 On voit que 15m est le meilleur compromis. Dans tous les cas il faut éviter la résonnance...

La longueur de fil (2x 15m) est imposée par la limite de gain de -20dBi, en dessous duquel les antennes de réception demandent un système de préamplification. Comme le reste, la longueur de fil est peu critique toutefois il est préférable de se tenir en dehors de la résonance ½ onde, car bien que le dipôle soit amorti, le SWR monte à une valeur importante (de l’ordre de 4, du fait de la faible résistance de rayonnement au regard de la résistance d’amortissement).  D’autre part à la résonance ½ onde on va retrouver les effets de couplage mutuel qui rendent l’alimentation des dipôles plus délicate (leur impédance devenant très différente quand il sont alimentés en quadrature(*). Enfin, compte tenu de son low-Q cette antenne ne devrait pas trop perturber les autres antennes situées à sa proximité. Il n’est pas non plus souhaitable de faire le dipôle trop long, car avec la longueur la directivité augmente pour passer par un maximum à 2 fois 5/8, dimension au delà de laquelle les lobes secondaires deviennent prépondérants. Bref 2 fois 15m semble un bon compromis pour 80 et 40.

 

(*) C’est ce qui explique la complexité relative des systèmes d’alimentation d’un 4 square, je vous renvoie pour cela au chapitre 11 du livre « low band DX’ing » de ON4UN.

 

Figure 3: Gain et SWR du dipôle amorti sur 40 et 80m en fonction de la hauteur (NEC2) pour un sol moyen. Pour une antenne de réception le gain n’est pas un facteur déterminant, mais il en faut un minimum…

 

 

L’antenne

Figure 4 l'antenne est constituée de 2 dipôles amortis, tels que ceux de la figure 1.

L’antenne est constituée de 2 dipôles « broadband » alimentés. L’espacement optimum dépend de ce que l’on veut faire. Si l’on souhaite une antenne résolument NVIS une demi-onde est le bon espacement. Si l’on préfère une antenne directive aux angles intermédiaires, un espacement plus réduit sera préférable. Pour une utilisation bibande 40/80 j’avais initialement suggéré un espacement de 10m entre dipôles. A mieux y regarder,  un meilleur compromis pour ces 2 bandes pourrait être de l’ordre d’une quinzaine de mètres, c’est en tous cas l’espacement que j’ai retenu pour les simulations.

 

 

Figure 5 Gain vertical  et Gain à 45 degrés en fonction de l'espacement,  pour 2 dipôles de la fig1 alimentés en phase à 7m au dessus du sol  sur 40m (NEC2)

Figure 6: Diagramme vertical pour un espacement de 0.2, 0.5, 0.6 et 0.8 longueurs d'onde.  Une demi-onde (en rouge) est le bon espacement si on veut  une antenne NVIS sans lobe bas sur l’horizon.  On gagne quand même pas loin de 10dB d’atténuation des signaux à 40 degrés, en passant a 0.6 (en bleu)

 

Alimentation des dipôles

Pour alimenter nos 2 dipôles, la solution la plus simple consiste à monter les dipôles dans le même sens et à utiliser des longueurs de câble identiques jusqu’au système de déphasage. A ce point, l’idéal est de disposer d’un système permettant de faire varier la phase en continu, par exemple en utilisant une boite de type MFJ-1025 (la MFJ-1025 autorise une variation de 0 à 130 degrés et de 180 à 310 degrés, d’après les mesures de W8JI) ou mieux la NCC1 de DX-engineering (qui autorise 0 à 360 degrés sans trou).

Si le but recherché est une distance et une direction particulière, on peut aussi envisager de se passer de boite, en utilisant des longueurs de câbles dissymétriques. Il faudra alors prévoir un UNUN 25/50ohms au point de jonction des coaxiaux. Au point de jonction des coaxiaux on peut également utiliser un « stackmatch »  et un système de déphasage utilisant des lignes coaxiales, tel celui que j’avais décrit pour phaser/déphaser 2 yagis.

On fera attention au sens de phase des dipôles: si il est identique sur les 2 antennes, c’est l’antenne « avant » (par rapport à la direction recherchée) qu’il faudra retarder en phase de 70 à 130 degrés (c’est celle qui aura la ligne la plus longue). Dans le cas contraire (dipôles inversés),

c’est la ligne alimentant l’antenne « arrière » qui devra être la plus longue (*). 

 

(*) Pour un déphasage >90 degrés, cette solution nécessite moins de câble. Démonstration : si l’on part  de 2 dipôles A et B en opposition de phase (alimentations croisées) et que l’on ajoute 1/8wl à la ligne alimentant le dipôle A, on aura une relation de phase de 180+45= 225 degrés (autrement dit -135 degrés), et la direction favorisée sera de A vers B  (Notre dipôle A occupant alors la même situation que le réflecteur d’une HB9CV). Si les 2 dipôles sont dans le même sens, il faudra ajouter 3/8wl dans la ligne alimentant  l’antenne B pour obtenir le même résultat.

 

Performances simulées sur 40 et 80m

Les diagrammes ci-dessous ont été générés avec MMANA en utilisant un espacement de 15 mètres et une hauteur de 7m. Comme on peut le voir sur la figure 3, on perd un peu de gain en réduisant la hauteur, toutefois ce n’est pas un facteur déterminant en ce qui concerne une antenne de réception et globalement, les performances devraient être très proches, même à une hauteur de 1m.

 

Figure 7 : Diagrammes 40m en fonction de la relation de phase entre dipôles. Tous les diagrammes horizontaux sont générés pour 45 degrés d’élévation. Pour les 2 dipôles en phase le gain maximum donné par NEC2 est de -2.85dBi  et le SWR 1.42.  Pour les 2 dipôles en quadrature le gain max est de -3.69dBi et le SWR pour chacun des dipôles est de 1.4 et de 1.47.  Pour un espacement de 15m, le rapport A/R maximum est obtenu pour une différence phase de l’ordre de 110 degrés (courbe en vert). Si le lobe arrière bas sur l’horizon est un souci, une relation de phase allant de 70 à 90 degrés donnent aussi d’excellents résultats.

 

Figure 8 : La même configuration, mais sur 80m. On voit que le gain diminue notablement quand on augmente la différence de phase. Le gain maximum donné par NEC2 est -10.28dBi (SWR 1.44) pour les dipôles en phase et de -15.65dBi (SWR 1.47/1.45) pour 140 degrés de relation de phase.  Pour 180 degrés le gain maximum descends à -20.83dBi.  Pour 120 degrés on a un excellent diagramme sans lobe arrière bas sur l’horizon.

 

On peut noter que le gain varie assez peu sur la bande 40m. A 45 degrés d’élévation il est le même pour les dipôles en phase et en opposition de phase.  C’est le cas idéal !

Par contre le gain varie nettement plus sur la bande 80m. L’antenne reste cependant utilisable avec de bonnes performances, même avec une relation de phase limitée à 130 degrés.  Bien sûr, il va sans dire qu’en continuant à tourner dans le cercle de phase on « tourne » le diagramme de 180 degrés en azimut. 

Attention tout n’est cependant pas si simple qu’il peut y paraître au premier abord : si lon considère les deux dipôles en quadrature (à 90 degrés), ajouter 180 degrés donne bien le diagramme « miroir »… mais ce n’est plus vrai si on part de 135 degrés  (135+180= 315) car dans ce cas on se retrouve avec seulement 45 degrés de différence de phase.

 

 

Les performances sur les bandes adjacentes

Les performances sur les bandes adjacentes peuvent nous donner une idée de ce qu’on pourrait espérer en modifiant espacement, hauteur et longueur des dipôles.

 

Figure 9 Diagrammes sur 30m.  On voit que si l’on veut une antenne résolument NVIS, une demi-onde est un bon espacement entre dipôles (on pourrait même monter à 0.6wl).  En revanche dès qu’on fait varier la phase, apparaît un lobe arrière assez bas sur l’horizon qui va à l’encontre du but recherché. On voit aussi que le diagramme horizontal (à 45 degrés) devient résolument ovale. L’antenne reste toutefois utilisable.

Figure 10 Diagrammes sur 160m. L'antenne devient difficilement utilisable en raison d'un gain insuffisant.

 

Réalisation

Les 2 baluns ont étés réalisés sur 2 tubes ferrites, initialement destinés à être enfilés sur du câble RG58 afin de bloquer les courants de gaine. Avec trois tours bifilaires le SWR est conforme aux calculs soit 1.2 à 1.3 de 1.2 à 30Mhz.  La réalisation est très peu critique, même le choix « random » des résistances ne semble pas affecter les résultats. Comme dirait un copain, éminent spécialiste des hyper, ce ne sont que des « grandes ondes » ! 

 

Figure 11 Les 2 baluns sont rigoureusement identiques. Les résistances utilisées pour les essais sont deux résistances de 510 Ohms  1/4W montées en parallèle … je remplacerai par 3 résistances de 3W quand je les aurai, car celles-ci ont toutes les chances de fumer,  l’antenne étant située dans le champ proche de l’antenne d’émission.

 

Figure 12 Vérification de l’ensemble balun/résistance. SWR 1.2 à 1.3 de 1.2 à 30MHz… Notez mon analyseur de réseau haut de gamme !

Figure 13 Montage de l’embase SO239. Il ne reste qu’à souder les 2 fois 15m de fil aux bornes des résistances.  Comme le Balun, le dipôle est réalisé avec un fil noir et un fil blanc (de 0.5mm de diamètre) permettant de repérer facilement le sens de phase… 

Figure 14 Le tout est monté dans une petite boite « plexo » (0.50 Euros dans tous les magasins de bricolage).

Figure 15 Ici, l’antenne dipôle est montée sur un mat en fibre de verre (du genre de ceux des planches à voile !), supporté par un trépied. Le centre du dipôle est à environ à 4m du sol, les extrémités du dipôle sont à environ  2m du sol.

 

Essais avec un seul dipôle

Par rapport ma verticale les résultats avec un seul dipôle sont déjà intéressants. Avec les 2 antennes équilibrées sur le bruit de fond, le gain en rapport signal sur bruit est spectaculaire, fréquemment de 10dB à 15dB sur les stations situées à moins de 500 kms. Seules les stations les plus lointaines arrivant plus fort sur la verticale. L’amélioration est telle que certaines stations, complètement inaudibles sur la verticale, sortent du bruit comme par magie. Certes il faut mitiger ceci par le fait que la comparaison est faite par rapport à une verticale. Par rapport à un dipôle pas trop haut (<0.5wl), il y a fort à parier qu’il n’y aura aucune différence. En revanche, sur 40m, par rapport à une yagi ou un dipôle à 25m je pense qu’on constatera des résultats similaires à ceux des enregistrements.

Dans sa version 2x15m, le niveau de réception est suffisant sur le 80m, ne nécessitant pas l’usage du préamplificateur du transceiver. Sur 160m, il est nécessaire d’utiliser un préampli d’une bonne vingtaine de dB (pour le pro2, position 2 soit environ + 20dB de gain).  Malgré le gain très négatif de l’antenne sur cette bande les résultats sont également spectaculaires, les stations locales sortant du bruit comme par magie.

 

Essais avec deux dipôles en phase

Tenant à tester une antenne résolument NVIS, j’ai d’abord monté les 2 dipôles (toujours à 4m/sol) avec 20m d’espacement et une orientation NW/SE les 2 antennes étant connectées par des longueur de câbles identiques aux 2 ports d’un « stackmatch » . Sur 40m le premier résultat immédiat  est une réduction du bruit de fond (créé chez moi par une ligne 380 kV) de l’ordre de 7 dB par rapport à un seul dipôle. Bien sûr sur 80m la différence est minime (environ 2dB) les 2 antennes étant trop proches pour cette utilisation. Sur 40m à l’écoute de stations proches (100 à 300 kms), l’amélioration du rapport signal sur bruit par rapport à la verticale est de l’ordre de 20dB. Du fait de la réduction du plancher de bruit, l’amélioration du rapport signal sur bruit avec les 2 dipôles en phase, est également très nette, si on la compare à un seul dipôle.

Figure 16 Un des dipôles à 1m du sol. Dans le fond la verticale, utilisée comme antenne de référence.

Voulant tester les limites de ce système d’antenne, j’ai ensuite monté les 2 antennes à 1 mètre du sol, et espacées de 25m (0.6wl sur le 40m). Bien que cette formule conduise à utiliser le préampli du transceiver, il est clair que le résultat est toujours la. Avec les deux antennes en phase, les résultats tant sur 40 que 80 sont surprenants, jusqu’à 30dB d’amélioration du rapport signal sur bruit des stations locales sur la bande 80, la différence s’amenuisant en fonction de l’éloignement de la station écoutée. Tant sur 80 que sur 40m, la différence est encore de 10 à 15dB en faveur de l’antenne NVIS pour des stations situées entre 400 et 600 kms.  Je vous renvoie aux enregistrements disponibles sur mon blog, mais le plus intéressant est probablement celui-ci car il montre comment on peut « trier » entre 2 stations, situées dans la même direction mais à différentes distances,  en passant d’une antenne à l’autre. Il faut toutefois mitiger ces résultats, par le fait que l’antenne de référence est une verticale montée au sol (et munie d’une trentaine radians entérés), antenne particulièrement inadaptée au trafic « National », comme montré dans les simulations VOACAP visibles dans la 1ère partie de l’article « quelle antenne pour la coupe du REF ? »

 

Figure 17 Audiogramme obtenu sur une station locale (40kms) en commutant d'une antenne à l'autre, la CAG du récepteur étant bloquée et les deux antennes équilibrées en niveau sur le bruit de fond.  On voit que la différence peut atteindre une trentaine de dB quand on passe de la verticale à l’antenne NVIS.

 

Jouons avec la Phase

L’idée de faire varier la phase entre deux dipôles n’est pas nouvelle.  Déjà en 1937, le Dr John Kraus, W8JK, décrivait un principe d’antenne bidirectionnelle utilisant 2 dipôles faiblement espacés et en opposition de phase. Les antennes HB9CV,  F8DR,  ZL-special  utilisent un principe similaire (2 dipôles faiblement  espacés – typiquement 1/8 de longueur d’onde), sauf que dans ce cas les dipôles ne sont plus alimentés en opposition  mais avec une relation de phase de l’ordre de 135 degrés, ce qui rend le diagramme plus ou moins unidirectionnel, mais limite l’utilisation à une seule bande de fréquences.

Si l’on peut faire varier la relation de phase entre les 2 dipôles de 0 à 359 degrés, tout en contrôlant l’amplitude des courants parcourant les 2 éléments, il est possible d’obtenir toute une palette de diagrammes allant des dipôles en phase à la W8JK (figure 7 et suivantes). A l’émission, le contrôle des courants est la partie la plus délicate, ce qui conduit à utiliser des systèmes d’alimentation complexes tels que ceux utilisés pour les 4-squares (voir « low-band DXíng » de ON4UN). En revanche à la réception, le fait d’amortir largement les dipôles tend à rendre les variations d’impédances plus acceptables et si en plus nous sommes en mesure de jouer « finement » sur l’amplitude et la phase des 2 dipôles nous aurons toutes les chances d’obtenir les diagrammes prévus par les modèles.

On peut de manière simple faire varier la phase en allongeant la ligne alimentant un des dipôles. En utilisant des tronçons de ligne commutées (voir blog) on peut, sauf cas exceptionnels (facteur chance/malchance) obtenir des rapports « avant-arrière » de l’ordre d’une douzaine de dB’s. En pratique si l’on est en mesure de faire varier la phase de 0 à 180 degrés par pas de 45 degrés, on pourra obtenir le secteur manquant  en insérant un transformateur large bande de rapport 1/1 effectuant une rotation de  phase 180 degrés. Un système monobande ne demande alors que 2 tronçons de ligne: un tronçon d’un huitième d’onde effectuant une rotation de 45 degrés et un tronçon d’un quart d’onde effectuant une rotation de 90 degrés. Avec 3 tronçons de ligne et un transfo inverseur on peut réaliser un système bibande (typiquement 40/80).

 

Figure 18 Brouillon d'un système "rustique" 80m (non-testé) à insérer dans un des coaxiaux alimentant les antennes et permettant de faire tous les rapports de phase par pas de 22.5 degrés. Egalement utilisable sur 40, mais le pas devient 45 degrés (sur 40m on n’utilise pas SW2, puisqu’il a le même effet que SW1). Toutes les lignes sont taillées sur 80 en tenant compte du facteur de vélocité du câble coaxial utilisé.

La limite du «  système simple »  et la raison des performances dégradées, c’est qu’il ne permet pas de « balancer » l’amplitude des signaux arrivant au dispositif de « couplage » (typiquement un UNUN 25/50ohms, ou un dispositif de type « stackmatch »). Même si les antennes sont rigoureusement identiques, on peut noter des différences assez importantes dans l’amplitude des signaux arrivant d’une antenne et de l’autre. Cette différence peut être due à la configuration du terrain, aux obstacles environnants, à d’autres antennes présentes sur le site ou même aux pertes introduites par le système de déphasage. En bref, si l’on veut arriver aux résultats prévus par les simulations il faut ajouter un atténuateur variable (ou mieux un amplificateur à gain variable) dans chacune des lignes. Ca commence à devenir l’usine à gaz !

L’électronique nous offre une alternative. Sans entrer dans les détails, on peut en insérant un dispositif électronique « actif » permettant de faire varier phase et amplitude « en continu »  arriver aux résultats escomptés. A ma connaissance il y a actuellement sur le marché « amateur » 2 boites permettant un tel prodige : La MFJ-1025 (moins de 200$ aux USA) et la NCC1 de DX-engineering (un peu moins de 500$ aux USA).

La MFJ-1025 que j’ai testée personnellement, souffre d’un certain nombre de faiblesses :

-          Elle ne permet qu’une plage de 0 à 130 et de 180 à 310 degrés de variation de phase, ce qui est quelquefois insuffisant. Il faut ajouter un bout de coaxial « commutable » pour couvrir les 50 degrés manquants de part et d’autre ou swapper les coaxiaux (à condition que les longueurs soient dissiymétriques).

-          Elle à un gain négatif  (voir les pages de W8JI)

-          Son facteur de bruit ne permets pas l’utilisation d’antennes délivrant un trop faible niveau (j’ai du monter mes deux dipôles amortis à 7m, pour couvrir le bruit introduit par la boite)

-          Elle demande des doigts de fées pour les réglages et des doigts de dockers si on veut espérer tenir un contest  (les potars étant assez « durs »). De plus il faut un certain entraînement pour en tirer les résultats espérés l’équilibrage des niveaux variant très nettement en fonction de la rotation de phase introduite.

Ceci dit elle fonctionne, comme l’attestent la vidéo et les enregistrements audio publiés sur le blog. Typiquement on peut espérer de 20 à 30dB de réjection d’un signal indésirable, à condition bien sûr qu’il arrive d’une direction ou d’un angle vertical différent du signal utile.

 

Figure 19: Un des dipôles "large bande" utilisé pour les tests de la MFJ-1025. Il a été nécessaire de monter les dipôles à 7m, pour obtenir un niveau suffisant en mesure de couvrir le bruit généré par la boite. On voit aussi la ligne THT distante d’environ 200m qui me vaut tant de bruit sur les bandes basses.

Figure 20 La MFJ-1025 en test à F6IRF

La NCC-1 testée sur la «Cizirf spéciale » au radio-club F6KNB semble bien plus facile d’utilisation. En outre, elle comporte 2 préamplificateurs de 20dB résistants aux signaux forts et surtout elle couvre la plage 0 à 360 degrés sans trou. Avec cette boite on doit pouvoir utiliser 2 dipôles à 1m du sol tels que ceux de la figure 16.

 

NB. Dans un environnement à fort niveau RF (par ex. une station contest), il est vivement conseillé de vérifier si les entrées de vos boites à phases préamplifiées sont suffisamment protégées (couplage à d’autres systèmes antennes, statique, etc..).

 

Figure 21 Figure 21 La NCC-1 en test à F6KNB.  F6CIS, F5JZA et F6IRA sont sur la photo. 

 

Résumé et conclusions

Mon but initial était de réaliser une antenne de réception permettant d’améliorer sensiblement la qualité des liaisons à courte et moyenne distance sur 40 et 80m: Mission accomplie !

On peut en fonction de ses besoins et des autres aériens disponibles, choisir un certain nombre d’options :

 

- Si l’on souhaite une antenne simple, et résolument NVIS (cas des stations occupant une position centrale), on optera pour un espacement entre dipôles de 0.6wl sur la bande la plus haute (soit 25m sur 40m), les 2 dipôles étant alimentés en phase via un UNUN 25/50 ohms. La hauteur peut dans ce cas être réduite à un mètre (pour peu que l’on dispose d’une réserve de gain suffisante sur le récepteur). C’est aussi la meilleure option si l’on habite en milieu bruyant (Dans ce cas on réduira l’espacement à 20m afin d’éliminer les lobes secondaires bas sur l’horizon).

- Si l’on souhaite une antenne courte/moyenne distance offrant un certain rapport avant/arrière (cas des stations relativement excentrées) on pourra se contenter d’un espacement de quinze à vingt mètres et on introduira un retard de phase « fixe » allant de 70 à 140 degrés dans l’antenne avant (voir fig. 7 et 8). 

-  Si l’on souhaite une antenne offrant une plage plus étendue de possibilités (choix direction/angle) et qu’on se contente d’une douzaine de dB’s de rapport « avant arrière », un espacement de quinze mètres et le système rustique de la figure 18 feront l’affaire.

- Enfin si l’on souhaite tirer la quintessence du système et obtenir des réjections de signaux indésirables de l’ordre de 25dB, il faudra utiliser une boite de type MFJ-1025 ou mieux NCC-1 et un espacement d’une quinzaine de mètres.

 

Voila il reste l’utilisation, en particulier si l’on utilise un dispositif ajustable:

Si l’on est des un adepte des QSO’s « papotage » (ceux que les anglo-saxons appellent  « ragchewers » soit littéralement  «mâcheurs de chiffons »), on a tout le temps nécessaire, pour ajuster finement la réjection de signaux indésirables.

En revanche en contest, le QSO sera déjà terminé quand vous aurez trouvé le réglage optimum. Ces boites ne disposant de « presets », on aura tout intérêt d‘essayer et noter préalablement un ou deux réglages des plus utiles. Le dispositif peut, je pense s’avérer intéressant quand il s’agit d’atténuer les « splatters » ou des « key-clicks » d’une station forte trop proche en fréquence. Ne pas oublier quand même qu’on risque d’éliminer du log toutes les stations appelant de cette direction et qu’un choix trop vaste entre de nombreuses antennes de réception peut sensiblement faire tomber le rate et/ou dégoutter les stations qui vous appellent en vain parce que vous n’écoutez pas leur direction. Rien ne remplace la faculté d’un opérateur à décoder des petits signaux dans le bruit.

 

73’s – Patrick

 

 

Un résumé de tous les essais réalisés avec cette antenne est disponible en suivant ce lien. De nombreuses vidéos et enregistrements audio, servent à illustrer le propos.

 

Copyright F6IRF Janvier 2008. Merci de me contacter pour tout reproduction même partielle de ce document.